CyberLiège:
Et votre fils, comment est-ce qu'il voit tout ça ?
Moi, en tout cas, je ne le pousse pas là-dedans. Mais il prend tout ça très au sérieux.
Il me voit dans des livres, des revues et aux expos. Pour lui, c'est la vie normale. Mais bon, je voulais une sauvegarde
alimentaire et affective pour me protéger vraiment du monde de l'Art, parce que c'est un monde d'une cruauté
invraisemblable. Sans doute, aurais-je pu faire une toute autre carrière: partir à New-York, aller
dans la Factory de Waroll, etc; mais je crois que ça aurait vite très mal tourné parce que
je suis très fragile. Je me serais laissé tenter par des tas de bazars. Conscient de cette fragilité,
j'ai toujours voulu avoir une espèce de frein à main pour mon délire. Parce que j'ai un délire
et si je le laisse aller, cela devient destructeur. Alors, je canalise cette violence et, de cette destruction,
je fais quelque chose de positif, avec l'aide des gens qui à l'arrière me soutiennent. Ma seconde
femme m'a connu en 78, j'avais presque 40 ans, c'était vraiment la galère.
Maintenant, je vais encore me jeter dans la mêlée de temps en temps mais avec toujours ce désir
de ne pas adhérer à la bohème bourgeoise. J'ai acquis une grande distance avec tout cela.
En plus, à l'époque au moins, ça m'intéressait vraiment car il y avait des gens que
j'aimais rencontrer et qui m'apportaient des idées. Maintenant, c'est plutôt l'inverse, j'ai l'impression
d'être pompé, ça fatigue. C'est pourquoi je rencontre dorénavant beaucoup plus de personnages
d'autres disciplines. J'ai beaucoup plus de copains avec le monde du journalisme et avec des gens du show-biz.
Propos recueillis par E. Coumanne
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