Idel Ianchelevici


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D'où nous vient Le Plongeur ?

Quel audacieux sculpteur a conçu Le Plongeur, ce monument réinstallé en juin 2000 au port des yachts à Liège.
De quelle initiative découle-t-il ? Un concours l'a-t-il sélectionné ?
La sculpture qui vient de se dessiner dans le ciel liégeois constituait déjà, il y a une soixantaine d'années, un point remarquable lors de l'Exposition Internationale de l'Eau organisée à Liège. Celle-ci eut lieu près de l'entrée du canal Albert (d'aucuns en ont ils souvenir ? Oui, n'hésitez pas à email dans la zone destinataire pour obtenir '.be'. Ceci a comme but de lutter contre les spams et robots.">nous en faire part...) en 1939.

Son auteur:

Un jeune sculpteur, émigré roumain, Idel Ianchelevici, né à Leova en 1909 et mort en France en 1994.
Idel Ianchelevici débarque à Liège en 1928 avec en lui l'idée fixe de sculpter et de se plonger dans le monde artistique occidental.
Le choix de Liège? Aléatoire. Un hasard lié à la présence là-bas d'amis de la famille. Ce jeune émigré travaille comme apprenti-graveur à la firme Pieper qui vend des fusils de chasse de la F.N. Il est rappelé en Roumanie pour le service militaire; un colonel intuitif encouragera ses talents artistiques et mettra à sa disposition un atelier. Ses devoirs civiques accomplis, Ianchelevici revient à Liège en 1931 et exercera diverses professions pour vivre (dont emballeur au Grand Bazar). Il s'adonne à sa passion aux heures libres et parvient à s'inscrire, sous les conseils d'amis (I.I. possédait aussi ce don de l'amitié), à l'Académie des Beaux-Arts où il décrochera après quelques mois le premier prix de statuaire dans l'atelier d'Oscar Berghmans.

A la recherche d'un langage qui traduirait certains aspects de la vie sociale, I.I. développe très tôt le sens du monumental. Le climat de lutte de la vie liégeoise de l'époque s'inscrit dans ses oeuvres (Le meneur, 1932, L'homme à la casquette, 1936). I.I. construit des géants: des personnages populaires, simples, animés par la lutte, puissants, dignes, aux épaules larges, avec des visages aux traits accentués, aux lèvres épaisses, aux arcades proéminentes, à la musculature vigoureuse.
Il se marie en 1933 et se déplace à Bruxelles où il expose en 1935 au palais des Beaux-Arts et acquiert la nationalité belge en 1945.


Idel Ianchelevici*


Vue vers le pont Albert 1er


A l'Expo de 1939

Le parcours du Plongeur

Ianchelevici reçoit une commande pour l'Expo de 1939. Le Plongeur était un projet ambitieux, jeté sur papier quelques années auparavant: un homme, appuyé sur les mains, d'une hauteur de 2,50m, corps tendu, porté par un arc faisant tremplin de plus de 15 m de hauteur.
Idel. aurait été déçu par la concrétisation du projet: la ligne de l'arc aurait dû porter le personnage, modelé en terre-plâtre, sans rupture. La réalisation finale du monument ne traduit pas le sens et l'unité du geste (le geste est primordial dans ses créations) qu'il avait imaginés.
Le Plongeur plongeant dans la piscine du Lido suscite toutefois la curiosité et l'admiration des visiteurs; son succès conduit à construire une copie en matériaux plus durables.

Survient la guerre et la réplique achetée par la Ville de Liège échoue dans les caves du Palais des Beaux-Arts. Des raisons budgétaires ne permettent pas de ressortir le projet malgré divers soutiens et initiatives.

Renaissance

Aux calendes grecques, ... en 1998, des recherches menées par l'université de Liège sur l'œuvre et la vie de Ianchelevici redécouvrent la version du Plongeur, acquise par la ville de Liège en 1939.
Le climat plus favorable débouche rapidement sur une décision de recréation de l'œuvre qui réunit plusieurs partenaires privés et publics. L'échevinat de l'Environnement accepte de prendre en charge l'initiative.
La réalisation est décidée en avril 2000, l'œuvre inaugurée en juin 2000. L'implantation choisie privilégie une large visibilité. L'arc est en acier peint, d'un rayon de 10 m, d'un poids de 3,5 tonnes; le plongeur mesure 3,20 m, pèse 80 kgs et est construit en polyester creux sur structure métallique.

Complément à la biographie

"Un monument ne doit pas être nécessairement commémoratif. Il peut n'être bien souvent que décoratif, mais toujours communicatif.
Il doit faire un tout avec son socle, l'entourage immédiat, et s'incorporer à l'urbanisme. Un monument n'est pas une juxtaposition de plusieurs éléments, mais un seul élément. Il doit être conçu de telle manière qu'il oblige le spectateur à en faire le tour"
.
S'il suscite l'intérêt d'être vu de tous les côtés, il aura déjà quelques chances de s'incorporer à l'urbanisme. Il ne peut en aucun cas le rompre, mais au contraire le relier, être la raison même d'être érigé à cet endroit."
nous disait Ianchelevici dans sa Profession de foi.


Piscine du Lido, expo de l'Eau




Vue du téléphérique 1939



Vue actuelle de la Meuse


Cours de la Cité Administrative




Confluence (voir détail)



Le Mur (détail)



Le Pâtre

Grâce à la Fondation Ianchelevici, le château de Colonster abrite dans la salle Ianchelevici un legs de plus de 6000 dessins ainsi que des projets, catalogues et archives. La Louvière possède aussi son musée Ianchelevici où une grande partie de l'œuvre sculpturale et 2000 dessins sont visibles. L'artiste est toujours resté présent en Belgique par de nombreux monuments: Bruxelles, Wemmel, La Louvière, Anvers, Mons.

A Liège, outre Le Plongeur, il nous a doté de:

-Confluence, taille directe en marbre de Carrare, 1,85 m de hauteur, à la Cité Administrative, d'après une étude de 1949 "Fontaine" ; le monument symbolise la fusion de la Meuse et de l'Ourthe; les longues chevelures (thème très important chez I.I.) des jeunes filles se mêlent à l'eau.

-La Source, en 48, taille directe en marbre rosé aurore du Portugal,
67 x 126 x 80, au Musée d'Art Wallon.

-Aube, au château de Colonster.

-Le Pâtre: érigée en1995 au Musée en Plein Air du Sart-Tilman.
C'est est une réplique d'une des statues du monument de Stanley à Léopoldville.

-La Rencontre: 1958, 300 x 1400, frise en pierre de Chauvigny, taille directe, au Palais des Congrès, (voir situation) lieu de toutes les rencontres. Parmi les personnages, un homme est différent des autres, sans trait: celui qui viendra.

-Le Mur: 1970-1971, 390 x 1300, frise monumentale en pierre de Brétigny, taille directe, au cimetière de Robermont; style dépouillé, dessin simplifié, volume inexistant.

-Les Jeunes Filles: ardoise, 280 x 1250, à l'école Hazinelle.

 par B.Y.

Œuvre monumentale rythmée par la patience et la passion:

"J'aime mon métier et suis heureux de l'exercer. ....
... le principal est que la réalisation atteigne son but: communiquer le sentiment humain à l'humain, et tout ceci monumentalement....
L'interprète est pour moi la pierre puisque la sculpture est mon moyen d'expression. J'espère arriver par elle et uniquement par elle à l'expression de l'homme à l'homme.
"

Extrait de Profession de foi, Ianchelevici

*extrait du livre Ianchelevici édité par le Crédit Communal.


Détail




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