La carrière du sculpteur se double d'une carrière de dessinateur.
En dessin aussi, il évolue vers un style de plus en plus épuré: personnages saisis avec le
trait minimum, dans les cafés, les champs, des nus. Les paysages sont plus rares. En 1956, grâce à
une bourse d'études, il part au Congo et rapportera plus de 350 croquis desquels un album de 40 dessins
sera publié en 1957: hommes, femmes, jeunes, vieillards, croqués sur le vif; les lignes sont simplifiées
à l'extrême, les membres s'allongent, tendance qui sera la caractéristique ultérieure
de ses dessins d'imagination. Mais pas plus qu'en sculpture, I.I. ne travaille sur commande et son oeuvre picturale
n'aura pas beaucoup d'écho chez les éditeurs.
L'œuvre du sculpteur ne révèle pas d'influences majeures de quelque école: Idel Ianchelevici
est un homme de son temps, marqué avant tout par l'époque tumultueuse qu'il traverse. Pendant la
guerre, il se cache et continue à travailler. Il réagit fortement aux événements brutaux
de l'époque (ex: L'Adieu, figure douloureuse de femme évoquant le départ des hommes). C'est
en 1945, dans la clandestinité, qu'il conçoit Le Résistant: l'homme agenouillé, mais
jamais à genoux, un monument de 4 m de haut, exprimant l'oppression et la lutte d'un peuple, un hommage
au prisonnier politique. Cette sculpture imposante dont la fonction est de commémorer l'événement
collectif sera plébiscitée par plusieurs et acquise finalement par le Comité des rescapés
de Breendonk. ("Un monument doit, par la force qui en émane, par son sérieux, imposer du respect
au spectateur, ne jamais le laisser indifférent, mais au contraire le secouer. Un monument doit être
grand, dépasser l'humain car il est l'idéal de l'humain." Extrait de la Profession de foi ,
Ianchelevici) Elle est érigée devant le fort de Breendonk en 1954.
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